ACTIVITÉ 5.
Ces années de jeune institutrice…
Auteur de l’activité : Eva Mª Iñesta Mena
INTRODUCTION
Cette fiche a été conçue pour un groupe de futurs enseignants du primaire (FLE). La motivation des tâches y proposées serait le plaisir de la découverte et du partage d’une belle lecture en langue française: un extrait du premier chapitre du roman de Gabrielle Roy, Ces enfants de ma vie.
Gabrielle Roy (1977). Ces enfants de ma vie. Montréal : Boréal compact ; 49 (nouvelle édition, 2013).
OBJECTIFS
Communicatifs, pragmatiques
Donner une opinion sur la lecture et l’argumenter à l’aide des faits de langues repérés dans le texte littéraire.
Établir des liens entre le récit analysé et d’autres expériences personnelles de lecture ou de vie pour les partager avec le groupe.
Linguistiques
Repérer dans le texte les éléments linguistiques et les procédés pour décrire les moments (les temps du passé, le présent), les lieux et les personnages (description physique, caractère et émotions).
D’Éducation littéraire et interculturelle
Lire, en autonomie, des textes littéraires en français langue étrangère, pour le plaisir de la découverte.
Lire en classe, pour approfondir l’analyse et animer la réflexion lors des interactions orales à propos du texte, son auteure, le contexte socioculturel multiculturel ou les mémoires d’école.
DÉROULEMENT
PRÉSENTATION
Dans Ces enfants de ma vie, Gabrielle Roy remémore ses premières expériences comme jeune enseignante, dans une école rurale au Manitoba, dans le Canada des années 30. Le jour de la rentrée, dans la classe de tout-petits, est évoqué avec émotion dans le premier chapitre de ce roman autobiographique. Sur ces premières images s’appuient les tâches et activités proposées ci-dessous, dont la finalité c’est le plaisir de partager une lecture en langue étrangère avec toutes les potentialités de la littérature.
Activité 1
Qu’est-ce qu’on va lire ? Pour commencer, découvrez l’écrivaine et son œuvre en lisant la quatrième de couverture du roman ou les liens proposés en annexe.
Activité 2
Une première lecture, autonome, des 4 premiers paragraphes (voir texte, en annexe):
P.1. « En repassant, comme il m’arrive souvent, ces temps-ci […]
P. 4. […] en n’émettant plus que de petits reniflements ».Activité 3
Une interaction orale : en grand groupe, échangez les premières impressions de la lecture
Activité 4
Une lecture à haute voix : partagez le retour sur le texte pour répondre aux questions suivantes:
A) Le 1er paragraphe présente la situation de communication, analysez :
- Dans quel/s moment/s se situe l’histoire ? Repérez sur le texte les temps du récit : les temps du passé (l’imparfait ; le passé simple)
- Où se situe le récit ?
- Qui raconte l’histoire ?
- Qui sont les personnages qui interviennent dans ce début du roman ?
- Quels sentiments éprouvent ces personnages ?
B) Les trois paragraphes suivants sont dédiés à un enfant et à sa maman, dont l’entrée semble inquiéter l’enseignante. Identifiez sur le texte tous les mots et expressions qui décrivent ces personnages et classez-les selon les catégories suivantes :
- Les traits physiques
- Les gestes ou mouvements
- Le caractère ou l’attitude
- Les sentiments ou émotions
Activité 5
Complétez la lecture du premier chapitre, en autonomie, et ensuite, en interaction orale :
- Donnez votre opinion sur les réactions et les attitudes des personnages (l’enseignante, les enfants, les parents) au moment de cette rentrée.
- La situation vous semble-t-elle familière? Pourquoi?
- Ce début du roman contient des pistes pour connaître la jeune institutrice et peut-être même l’écrivaine en devenir. Donnez votre opinion sur ses stratégies envers les enfants, ses observations de chaque caractère… Comment l’imaginez-vous cette institutrice, cette écrivaine?
ACTIVITÉS COMPLÉMENTAIRES
La lecture du premier chapitre peut, sans doute, animer la lecture libre du roman, ce qui serait la meilleure suite de cette proposition didactique. Cependant, d’autres activités pourraient compléter le travail sur le texte. Voilà quelques options :
PRODUCTION ÉCRITE
Choisissez parmi les options suivantes un sujet de recherche pour rédiger un bref essai, que l’on pourrait lire à haut voix, en classe :
- L’école dans la littérature de Gabrielle Roy : trouver d’autres exemples (romans, contes, mémoires…) (voir ci-dessous).
- Le plurilinguisme et l’interculturalité dans les écoles canadiennes (au Québec et dans d’autres provinces).
- L’évocation de certains épisodes de notre vie à l’école (comme élèves ou comme stagiaires, enseignants) qui nous touchent encore, nous font réfléchir et nous inspirent pour la profession d’enseignant.
PRODUCTION ORALE
Connaissez-vous un/e enseignant/es à la retraite, ou avec une large expérience d’école? Proposez-lui une « interview » pour remémorer ses premiers souvenirs d’école. Ensuite, exposez en français, à la classe, les résultats de cette conversation. (Tâche individuelle ou en groupe)
ANNEXE
POUR EN SAVOIR PLUS
Gabrielle Roy (1977). Ces enfants de ma vie. Montréal : Boréal compact ; 49 (nouvelle édition, 2013)
https://www.editionsboreal.qc.ca/catalogue/livres/ces-enfants-vie-549.html
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Les Éditions du Boréal : Gabrielle Roy :
https://www.editionsboreal.qc.ca/catalogue/auteurs/gabrielle-roy-736.html
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La maison Gabrielle Roy:
https://www.maisongabrielleroy.mb.ca/
https://www.maisongabrielleroy.mb.ca/chronologie-de-gabrielle-roy
L’école rurale apparaît dans d’autres romans de Gabrielle Roy, comme, par exemple :
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La Petite Poule D’Eau
[…] 1950 – Parution à Montréal de La Petite Poule d’Eau qui, l’année suivante, sera publiée à Paris, et à New York en traduction anglaise (Where Nests the Water Hen).
https://www.editionsboreal.qc.ca/catalogue/livres/petite-poule-eau-548.html
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Ces enfants de ma vie
[…] 1977 – Publication de Ces enfants de ma vie qui obtient le prix du Gouverneur général et dont la traduction anglaise paraîtra en 1979 (Children of My Heart).
https://www.editionsboreal.qc.ca/catalogue/livres/ces-enfants-vie-549.html
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LECTURE
Gabrielle Roy (1977). Ces enfants de ma vie. Montréal : Boréal compact ; 49 (nouvelle édition, 2013, pp. 9-10).
« En repassant, comme il m’arrive souvent, ces temps-ci, par mes années de jeune institutrice, dans une école de garçons, en ville, je revis, toujours aussi chargé d’émotion, le matin de la rentrée. J’avais la classe des tout-petits. C’était leur premier pas dans un monde inconnu. Á la peur qu’ils en avaient tous plus ou moins s’ajoutait, chez quelques-uns de mes petits immigrants, le désarroi, en y arrivant, de s’entendre parler dans une langue qui leur était étrangère.
Tôt, ce matin-là, me parvinrent des cris d’enfant que les hauts plafonds et les murs résonnants amplifiaient. J’allai sur le seuil de ma classe. Du fond du corridor s’en venait à l’allure d’un navire une forte femme traînant par la main un petit garçon hurlant. Tout minuscule auprès d’elle, il parvenait néanmoins par moments à s’arc-bouter et, en tirant de toutes ses forces, à freiner un peu leur avance. Elle, alors, l’empoignait plus solidement, le soulevait de terre et l’emportait un bon coup encore. El elle riait de le voir malgré tout si difficile à manœuvrer. Ils arrivèrent à l’entrée de ma clase où je les attendais en m´efforçant d’avoir l’air sereine.
La mère, dans un lourd accent flamand, me présenta son fils, Roger Verhaegen, cinq ans et demi, bon petit garçon très doux, très docile, quand il le voulait bien –hein, Roger ! – cependant que, d’une secousse, elle tâchait de le faire taire. J’avais déjà quelque expérience des mères, des enfants, et me demandai si celle-ci, forte comme elle pouvait en avoir l’air, n’en était pas moins du genre à se décharger sur les autres de son manque d’autorité, ayant sans doute tous les jours menacé : « Attends, toi, d’aller à l’école, pour te faire dompter. »J’offris une pomme rouge à Roger qui la refusa net, mais me l’arracha une seconde plus tard, comme j’avais le regard ailleurs. Ces petits Flamands d’habitude n’étaient pas longs à apprivoiser, sans doute parce qu’après la peur bleue qu’on leur en avait inspirée, l’école ne pouvait que leur paraître rassurante. Bientôt, en effet, Roger se laissa prendre par la main et conduire à son pupitre, en n’émettant plus que de petits reniflements. »